
Ce qui coule dans ses veines, c’est l’eau de la terre, l’eau des rivières, l’eau des marais. Plus loin, quand l’œil n’a plus rien que le large, la platitude de l’horizon, c’est l’eau de la mer, l’eau boueuse des tempêtes ou l’eau limpide des vents d’Est.
La ville est partagée dans ses amours.
D’un côté, un profond attachement au sol qui ne dissimule pas la peur des inondations impitoyables. Les hommes ont façonné ces paysages découpés au couteau, tailladés en multiples canaux qu’il faut respecter. Le combat est permanent. Chaque négligence se paie un jour.
De l’autre, la mer. Les îles en sentinelles bleutées surveillent la blancheur des falaises et les lumières de la ville. La mer qu’il faut surveiller aussi. Elle aurait facilement des velléités de puissance et de recouvrement de son empire d’autrefois. Il semble qu’elle cherche à submerger l’eau des marais.
La ville ne sait plus où donner de la tête. Elle s’élève à Angoute, la terre des anciens, pour penser à son avenir.