
Quand nous avons relevé les yeux vers la montagne, nous avons été surpris par les changements qui s’étaient opérés sans nous. De gros nuages sombres avaient passé la Brèche de Roland et tapissaient maintenant tout le cirque de Gavarnie. Nous dominions encore la mer de nuages qui se mouvait fébrilement. Une masse confuse se dirigeait vers nous. Nous avons senti que nous allions être engloutis et qu’il fallait rentrer avant le déluge. L’orage a fait connaître toute sa puissance. Ses roulements se répercutaient de sommet en sommet. Bien à l’abri et au chaud, nous savourions le bonheur de nous serrer l’un contre l’autre. Le spectacle des forces naturelles qui se déchaînaient était d’une beauté qui nous imposait un silence admiratif. Nous avons attendu les éclairs. Myla s’est inquiétée :
– C’est dangereux ?
– Oui, très…
– Sérieux ?
– Non ! bien sûr !
Malgré tout, à chaque éclair, nous frémissions. Surtout lorsque l’explosion tonitruante se rapprochait de plus en plus de l’éclat qui zébrait tout l’espace.