
Quand je me suis recouché auprès d’elle, Myla dormait toujours. Je n’ai pas voulu la réveiller. J’ai pensé, un peu présomptueux, que je la protégeais contre tout ce qui pourrait la déranger.
Le visiteur avait fini par se coucher lui aussi. Le silence emprisonnait l’espace dans une ouate épaisse. J’ai toujours eu cette sensation. L’absence de bruit me paraît lourde et douce à la peau.
Je me demandais pourquoi cet homme recherchait la jeune fille et pourquoi il n’avait rien ajouté après avoir appris qu’elle était en effet dans le chalet. Myla a peut-être ressenti mes inquiétudes, elle s’est retournée vers moi. Elle a posé sa tête au creux de mon bras. Ses longs cheveux ont glissé sur ma poitrine. Ils sentaient l’herbe fraîche. J’ai glissé mes doigts sur la peau de son épaule. Myla a frissonné. Sa respiration s’est arrêtée un instant comme pour lui permettre de savoir ce que je voulais. Puis elle a repris, lente et régulière. J’essayais de réfléchir aux éventuels problèmes que pouvait provoquer l’inconnu ainsi qu’aux réactions de Myla quand elle découvrirait sa présence.
Plusieurs causes que je ne pouvais pas encore expliquer me laissaient percevoir l’imminence de difficultés. Dans mon demi-sommeil, je commençais à imaginer des scénarios compliqués. Chaque être humain invente des réponses aux questions insolubles qu’il se pose parce que l’ignorance est insupportable.