
D’habitude, quand on se rencontre en montagne, on se parle un peu, on se pose quelques questions sur la course et sur la météo, on répond courtoisement. On gagne toujours à être poli. Mais avec ce gars, rien du tout ! Il a regardé plus haut pour évaluer la voie à suivre et il a grimpé pour rejoindre Myla au-dessus de moi. Je me suis aussitôt interrogé sur ce qu’il risquait d’arriver tant la situation me semblait délicate. Myla s’est arrêtée de monter quand elle a compris que le grimpeur finirait par la rejoindre. Elle a placé une sangle sur un rocher pointu et elle s’est retournée pour voir où je me trouvais. Je n’étais pas loin. Je pouvais me porter éventuellement à son secours.
Il est monté à sa hauteur. Il lui a envoyé un grand sourire en messager de sa bonne foi. Mais elle ne l’a pas reçu comme il l’espérait. Elle n’a tout simplement pas répondu. Il lui a alors reproché de l’avoir quitté la veille. Je ne pouvais pas tout entendre depuis ma position, j’arrivais pourtant à traduire leurs expressions. Ils se parlaient. Je sentais de l’animosité dans leurs échanges. Myla avait accepté de se tourner vers lui et de s’assurer sur le fil de l’arête.