
J’ai remarqué qu’ils avaient abandonné la corde d’escalade que Nathan avait tranchée. Plus haut, je n’ai vu personne. Soit, ils étaient arrivés au sommet, soit, ils étaient cachés par des saillies de la paroi rocheuse. J’avais beaucoup de mal à évaluer la durée de mes évanouissements.
L’escalade devenait moins difficile, mon bras était stabilisé. Je commençais à accepter ma douleur. Le pic du Petit Astazou approchait. J’allais en avoir le cœur net.
En atteignant un sommet, on découvre toujours, avec une intense satisfaction, le vent qui n’a plus d’obstacle et la vue qui s’étend tout autour de soi. Mais cette fois-là, je ne les ai pas remarqués tout de suite. J’étais surtout désireux de repérer deux personnes dévalant la pente. Mon premier tour d’horizon n’a rien donné. Le paysage semblait désert.
Ensuite, comme d’habitude, j’ai ressenti une belle émotion en regardant les sommets qui s’offraient majestueusement à mes yeux. Je me suis dépêché de les admirer car les nuages grimpaient déjà à leur assaut. A ma droite, le sommet extra-large du Marboré, puis le Cylindre et plus loin le Mont Perdu qui écrasait sur ses pentes à paliers des glaciers lourds et avachis. Tout en bas, le lac Glacé ne l’était plus. Et à gauche, sous le ciel encore bleu, se détachaient des crêtes rocheuses qui ne pouvaient être franchies qu’en passant par la Brèche de Tuquerouye.
En regardant à nouveau vers le Lac Glacé, je les ai vus.