OOOOOOOOOOO

Comme ma sérénité s’en est allée !
Il n’y a plus de vent dans mes voiles,
Plus de pain sur ma table maculée,
Plus d’espoir. Mes yeux sont sales.
Plus de rêves dans ma maison.
La paix a plié son bagage.
L’amour s’est empli de soupçons
Au lieu d’être souple et volage.
Comme ma tranquillité s’en est allée !
L’ogre boit l’eau de mes fontaines
Et respire l’air de mes envolées.
Ne me viennent que les mots de peine.
Plus de sourires vers l’avenir,
Plus de paroles réconfortantes…
Le tyran lance sans faiblir
Ses bombes déferlantes.
Comme la paix s’en est allée !
JMC
Billet d’entrée

Le temps était si doux que j’allais sur la plage
Le vent s’était calmé, au ciel pas un nuage.
Je m’ennuyais ferme, je n’avais plus d’amour
Je t’ai vue arriver et je t’ai dit bonjour.
On pouvait voir en mer des voiliers nonchalants
Suivis par des milliers de cris de goélands.
Je me suis approché, ta robe était légère
Tes yeux chantaient la joie, l’amour et la lumière.
Tu es venue à moi, j’ai cru voir une aurore,
La naissance d’un jour que le désir dévore.
J’ai perdu l’innocence et mon fond de tristesse.`
Toi, tu attendais que les vagues te caressent.
J’ai lancé quelques mots… c’était bien du délire…
Et tu m’as embrassé dans un éclat de rire
Tu voulais simplement m’adresser un merci
Je l’ai pris comme un vœu, un billet pour la vie.
05-02-22
Fin de nuit

Matin calme,
Posé sur le fil de l’horizon
Avec déjà le regret
Des fraîcheurs nocturnes
Et la certitude
De l’enfer chaque jour retrouvée.
Les pêcheurs sont rentrés,
Harassés et heureux.
Les cales sont pleines.
Fato va pouvoir commencer
Ses recettes secrètes
En surveillant le moiré
De la mer qui s’allume
Aux feux du jour.
APPEL

Toi, tu t’élèveras
Vers les rêves d’or
Posés sur l’horizon.
Tu courras à en perdre haleine
Pour unir ta voix
Aux chants du monde,
Aux embrassades fertiles,
Ainsi qu’aux baisers des amants.
Tu prendras les chemins
De traverse inconnus
Pour te fondre dans l’acier
Des cris de victoire
Et des volutes de la mémoire
Que sont nos aînés disparus.
Tu chanteras en chœur
Les fugaces romances
Qui sont malgré tout restées
Dans le cœur des hommes.
Tu ne pleureras plus,
Tu te battras contre l’ignorance
Et contre les regards fermés
Des hommes de cendres.
Tu prendras tes bâtons de marche
Pour battre les sentiers cachés.
Tu marcheras longuement
Au bord des rivières rouges
Du sang des poètes
Et des larmes du voyant.
Tu seras celui qui parle
Au nom des inconnus
Et des frères de la rue.
Tu diras fort
Que les plus forts
Ne t’aiment plus
Et ne croient
Jamais en toi,
Mais que tu es là
Les yeux plantés
Dans la gloire des temps nouveaux.
Tu balanceras tes bras
Pour embrasser le monde,
Tu serreras fort sa poitrine
Où bat le cœur des oubliés.
Tu répéteras en écho
Que tu nous aimes
Sans mièvrerie
Sans innocence
Au chant des libertés.
Tu regarderas enfin
La Terre tout entière
Sur les ailes de nos prières.
Tu prendras ton envol
Tu feras des idées folles
Un rêve devenu réalité,
Un mythe réalisé,
Un pouvoir grandiose
Ou naissent les roses
Qui ne fanent jamais.
Va sans trembler !
Chante encore
Les prières de l’aurore !
Que l’on entende ta voix
Au-delà des vents froids
Et des mers glacées
Des passions passées !
14-11-21
Aux Saintes

Rien ne bouge
Aux Saintes rouges
Le calme soupire
Le temps s’éternise
Et la douce brise
Lentement retire
Les rayons du jour
Sous le poids lourd
Des étoiles
Qui se voilent
Fées
Pudiques
Et mystiques
Pour ne pas voir
Les rêves
Que dans le noir
L’on fait
Sur la grève.
Dialogue horticole
- Que fais-tu là,
Pétula ?
- Je travaille
Vaille que vaille…
- Dis-moi comment tu oses
Mettre ça sur tes roses ?
- C’est pour la bonne cause !
Je ne dépasse pas la dose…
- Dis-moi ce que tu mets…
Si ce n’est pas indiscret…
- Je mets de l’herbicide,
Un peu d’insecticide,
Un peu de fongicide,
Un peu de pesticide…
- Oui, je vois : c’est limpide :
Tu mets de l’homicide !
Couleurs
Je tiens
L’ivresse des couleurs :
Les rouges brûlants
Qui bandent l’arc en ciel du ciel couchant,
Les verts des cadavres presque effeuillés
Sous le poids des responsabilités maritimes,
Qui pleurent leurs racines emprisonnées,
Les bleus haletants
Les noirs contraints d’insérer les abimes
D’un monde régulé, privé d’intérêt,
Qui s’écœure en vomissant
Les éructations sales des usines,
Et les gris des mauvais postillons
Des professionnels de la haine
Qui gueulent leurs aversions séculaires.
Au bord du fleuve
J’ai composé cette chanson il y a 50 ans, presque jour pour jour, au bord du Rhône…
Mon cher enfant
En te berçant
Tout doucement
Souvent maman
Te redira
Que je chantais
Ce refrain là
Un soir d’été
– Oh ! mon amour
Le long du cours
Du fleuve long
Nous deux irons.
C’était le temps
Où nous volions
Partout autant
Que papillons
Je chantais tout
Les vents, les fleurs
Notre amour fou
Et le bonheur
– Oh ! mon amour
Le long du cours
Du fleuve long
Nous deux irons.
Rien n’a changé
Depuis le jour
Où j’ai chanté
Le long du cours
D’un ruisseau blanc
Mélancolique
Pour ta maman
Cette musique
– Oh ! mon amour
Le long du cours
Du fleuve long
Nous deux irons
Ni les saisons
Ni les orages
Ne détruiront
Notre voyage
J’espère fort
Même au grand âge
Chanter encor
Ce vieil adage
– Oh ! mon amour
Le long du cours
Du fleuve long
Nous deux irons
Mon cher enfant
Quand tu seras
Un peu plus grand
Tu comprendras
Si les jours passent
Garde l’amour
Quoi que tu fasses
Chante toujours
– Oh ! mon amour
Le long du cours
Du fleuve long
Nous deux irons
Au lieu de…
Au lieu de baisser ton regard
Regarde bien en face tous les hommes
Au lieu de courber la tête
Redresse-la fièrement
Au lieu de cacher ta poitrine
Donne-lui de l’importance
Au lieu d’avoir peur des autres
Montre-leur l’exemple
Au lieu de cacher tes cheveux
Laisse voler tes mèches d’ébène
Au lieu de serrer tes lèvres
Laisse éclater ton sourire
Au lieu de marcher derrière
Décide-toi et va devant
Au lieu d’écouter les insultes
Renvoie un silencieux mépris
Au lieu de te soumettre
Combats pour ta liberté
Au lieu des fausses traditions
Et du cancer de la bêtise
Fais le choix de ton intelligence
De ta force
Et de ta dignité
Celles des femmes du monde entier.
Une note
Si une note
Se décroche
De sa portée,
Pas de reproches !
Ce n’est pas de sa faute…
Lentement
Tu t’approches,
Tu la raccroches
Doucement
Ou bien tu la mets
Sous cloche
Sans anicroche…
Et c’est dans la poche !
C’est noté ?
Si une note
Se décroche
De sa portée,
Pas de reproches !
Ce n’est pas de sa faute…
Lentement
Tu t’approches,
Tu la raccroches
Doucement
Ou bien tu la mets
Sous cloche
Sans anicroche…
Et c’est dans la poche !
C’est noté ?
Bain
Je baigne
Dans l’acide
Des beignes
Et dans le vide
Des îles
Sans soleil
Dans les villes
Sans réveil
Je crève
Au mitard
Des rêves
De bâtard
Je prends
Tous les coups
Je sens
Qu’on s’en fout
J’ai pas
De boulot
Le taf
Des clodos
Je fume
Des mégots
J’assume
Mais pas trop
J’ai froid
Dans ma rue
Et toi
Tu me tues
Tu passes
Sans bonjour
Tu traces
Et tu cours
Tu vois
Mon ombre
Tu crois
Que je sombre
T’as peur
De ma mort
Douleur
Dans ton corps
Mais pas
Dans ton cœur
Mais pas
Dans ton cœur
Mon vin
Ne vaut rien
Le tien
Vaut de l’or.
Méfie-toi !
Ne parle pas trop
Aux oiseaux
Sociaux
Ils voleraient
Tes mots
Et les porteraient
A des ballots
Qui iraient briser
La plume
De tes mots
Et la feraient
Voler
En éclats
dans des débats
d’amertume.
Perdus
Il y a des « je t’aime »
Qui se perdent
Dans l’infini des silences.
Et des silences
Qui bruissent
De rêves éteints,
Sans chaleur
Et sans flammes.
Il y a des « pourquoi »
Psalmodiés,
Répétés,
Dans un cœur
Qui ne trouve
Ni
Promesses alanguies,
Ni
Caresses énamourées
Ni
Partage d’ivresse.
Il y a des silences
Qui pèsent
Le poids d’un âne mort,
Qui se consument
Sans feu ni flamme
Et qui se murent
Dans la tombe
De l’oubli.