Épisode 11

Je lui ai tendu un verre. Elle a dégagé ses cheveux qui flottaient devant son regard. Elle l’a saisi en emprisonnant ma main. Elle l’a porté à ses lèvres carmin. Deux gorgées plus tard, elle l’a poussé vers mes propres lèvres asséchées. Nous avons bu ensemble à la coupe du désir. Je pénétrais le fond de ses fantasmes. Je me suis encore davantage approché d’elle. Elle m’appelait. Elle est venue à moi, pour se coller à ma peau. Je l’ai prise à son propre jeu. Je l’ai attirée et pressée contre mon corps. Elle a laissé s’échapper un soupir long et spontané. Le désir nous a emportés dans une danse improvisée, rythmée et ponctuée de baisers bruyants et brûlants.

Épisode 10

Comme on peut avoir envie de soleil ou de baignade, j’ai ressenti un réel besoin de contact avec la nature. C’est ma compagne, mon amie, mon souffle. Je ne pouvais pas rester une seconde de plus entre les quatre murs du refuge.

– Il fait encore très bon, on peut aller s’asseoir dehors pour voir le paysage.

J’ai pris les deux verres , la bouteille et une couverture. Je suis sorti en m’attachant à ses yeux. Elle m’a suivi. J’ai ouvert le plaid et je l’ai étendu sur l’herbe drue. J’ai invité Myla à en profiter. Elle me regardait fixement, impassible. Elle ne bougeait plus. Je la trouvais cruelle. Elle n’était qu’attentive. Elle cherchait un signe, une expression. Elle m’attendait. Elle espérait que je me dévoile. Que je dise mon désir. Elle contenait le sien. Elle me dira plus tard qu’elle n’en pouvait plus et qu’elle se décomposait dans le désir de dévorer ma peau. Ses doigts demandaient à tracer des déchirures et ses seins voulaient être pétris. Sa bouche et son ventre avaient soif.

Épisode 9

Ses longs cils noirs ont frémi. Puis tremblotants, ils ont soulevé les paupières roses. Ses yeux bleu gris ont plongé profondément dans les miens. J’ai senti un sincère abandon mais aussi une part de méfiance mesurée. Elle ne savait pas qui j’étais. Je ne la connaissais pas non plus. Le sens de nos vies nous menait et nous poussait l’un vers l’autre. Il remplissait le trou béant que nos libidos avaient creusé en quelques minutes. Le désir nous a submergés. Je sentais que sa respiration devenait plus profonde et plus sonore. Sa poitrine se soulevait plus amplement. Son regard fixe et dur portait une immense gravité. Je me trouvais dans l’obligation de franchir une étape. Mais l’obligation n’était que physique. Une force, en moi, m’imposait d’aller de l’avant. Il m’aurait été impossible d’y renoncer. Je ne me sentais certainement pas contraint psychologiquement, ni prisonnier du désir. Au contraire. Il y avait à cette heure et en ce lieu une liberté folle, grandiose et créatrice.

Épisode 8

Elle n’était pas vaincue, ni soumise mais elle a mis fin au silence en baissant la tête. Comme si elle capitulait. Elle me permettait ainsi de ne pas me sentir dominé et écrasé par sa volonté. Je ne sais pas pourquoi, c’est tellement en dehors de mes habitudes, J’ai soulevé ma main droite et je l’ai approchée de ses cheveux ondulés. J’ai senti, sans la toucher, un léger frémissement de sa peau. Il n’y avait aucun refus dans son attitude. J’ai poursuivi mon geste. Mes doigts ont pénétré sa chevelure soyeuse. Et lentement, ils se sont posés sur la peau de son cou. Au contact de mes doigts, elle a incliné légèrement la tête jusqu’à ce que sa joue entre en contact avec mon bras. Elle lui a donné un petit va-et-vient qui fut la plus grande preuve de son assentiment. Elle voulait ma tendresse et ma force, mes gestes doux et mes violences amoureuses. Elle n’avait rien dit, rien dévoilé jusqu’à ce relâchement. Elle releva ses yeux qui s’étaient perdus dans l’abandon.

Épisode 7

Elle est restée quelques secondes ainsi sans rien dire. Je lui ai demandé si tout allait bien, c’était ma façon de rompre le silence. Comme tous les jeunes d’aujourd’hui, elle a répondu en niant son sentiment et sa vérité.

– Oui, oui ! Tout va bien…

À plusieurs reprises, elle a semblé vouloir me convaincre qu’il n’y avait pas de problème. Je ne m’y trompais pas. Mais je ne voulais pas l’obliger à quoi que ce soit. Sa liberté était en jeu. J’étais décidé à l’attendre. Elle n’était ni vaincue, ni soumise mais elle a mis fin au silence en baissant la tête. Comme si elle capitulait. Elle me permettait ainsi de ne pas me sentir dominé et écrasé par sa volonté. Je ne sais pas pourquoi, c’est tellement en dehors de mes habitudes, j’ai soulevé ma main droite et je l’ai approchée de ses cheveux ondulés. J’ai senti, sans la toucher, un léger frémissement de sa peau. Il n’y avait aucun refus dans son attitude. J’ai poursuivi mon geste. Mes doigts ont pénétré sa chevelure soyeuse. Et lentement, ils se sont posés sur la peau de son cou.

Épisode 6

Je n’ai jamais appris le langage des filles. Trop occupé à construire ma personnalité au milieu de garçons qui luttaient pour leur survie et pour leurs dépassements sportifs, je n’avais pas eu le temps d’apprécier leur compagnie. Les courses en montagne et l’école des guides avaient dévoré mon adolescence. Je ne savais pas lire leurs mouvements des yeux, le haussement des sourcils, le léger gonflement des joues, la fermeture des paupières, le serrement des lèvres ou la feinte de leur neutralité. Peut-être trop méfiant, je voyais toujours une dualité dans ce que je découvrais. Dans ma prime enfance, j’avais été marqué par une énorme surprise en réalisant que le sourire d’un camarade avait accompagné simultanément un violent coup de pieds. Plus tard, je me suis trompé sur des marques amicales qui cachaient des sentiments ennemis. Le visage rayonnait encore quand la guerre était déjà déclarée. Je ne pouvais plus me défaire de cette crainte. Pourtant, je commençais à lire le désir de Myla et à y croire. Je me sentais en train de le lier au mien.

Épisode 5

Nous sommes restés figés comme si le moindre battement de paupière allait déclencher une puissance irrépressible. Nous vivons tous des moments explosifs où nos lois morales et nos habitudes sont remises en question. Ils laissent le cœur meurtri, mais tellement vivant ! J’ignorais qu’elle était muette parce qu’elle était pétrifiée par la conscience d’un désir impérieux qui correspondait, mais elle ne le savait pas, parfaitement au mien. Je la regardais sans la comprendre. J’écarquillais mes yeux. J’entrouvrais mes lèvres. Je ressentais la fascinante hésitation que l’on trouve  entre le courage et la prudence. Je ne savais pas si je pouvais me lancer ou s’il valait mieux ne rien risquer qui pût la choquer.

Épisode 4

J’ai pris une bouteille d’eau, deux verres . Je les ai posés sur la table. Elle est entrée.

Quand nous découvrons une personne, il y a dans nos yeux des capteurs dont nous ignorons l’origine et le fonctionnement qui nous attachent au premier regard ou qui nous repoussent automatiquement. Face à elle, ce fut une évidence. Nous étions aimantés !

Les présentations ont été brèves.

– Myla !

– Mathias !

Tout de suite, nos yeux et nos cœurs se sont envolés. Connivence et concordance des temps. Les mots étaient inutiles. Pendant que j’ouvrais les autres portes et fenêtres du refuge, elle s’est ingéniée à me suivre au plus près. Nos frôlements ressemblaient de plus en plus à des caresses. Soudain, la décision s’est imposée. Nous ne pouvions plus faire marche arrière. Nous nous sommes arrêtés face à face. Nous avons senti en même temps que l’instant était crucial et définitif.

Épisode 3

Nous sommes restés longtemps à nous transpercer du regard. Puis, sans aucun lien, elle m’a dit :

– J’ai soif !

– Je vais chercher un peu d’eau.

– Merci. Fais vite !

Sans me connaître, presque instinctivement, elle cherchait à prendre l’ascendant sur moi. Je m’en rendais bien compte, mais je ne le refusais pas. J’étais heureux qu’elle m’impose son plaisir et sa quête. Je la trouvais très belle et j’imaginais qu’elle devait être également fort intelligente. Cette entrée en matière m’était inhabituelle. Je la trouvais intéressante. Rares sont ceux qui vont directement à l’essentiel. C’est peu de dire que je me suis empressé d’ouvrir la porte et l’une des fenêtres. Je ne sais plus si je bouillais de l’intérieur ou si je tremblais à l’idée de ce qui allait se passer et dont je sentais l’issue inexorable. Dans une telle solitude et un tel lieu où les forces de la nature s’imposent majestueusement à notre insignifiance, je savais que nous allions nous rencontrer pour nous protéger. Je le redoutais et je l’espérais.

Épisode 2

J‘allais au refuge pour remplacer le gardien malade. Je savais qu’il n’y avait personne. Je n’avais pas noté de réservation ni reçu de coup de téléphone. Mon travail était d’entretenir le lieu et d’accueillir d’éventuels clients. Je cherchais le porte-clés dans mon sac quand elle m’est apparue, sortie de nulle part. Ses longs cheveux battaient aux quatre vents. D’une main, elle essayait d’en libérer ses yeux et ses lèvres. Elle venait lentement vers moi. Elle portait un petit sac à dos à bout de bras et une robe légère, vêtement assez inhabituel dans un tel lieu où l’on voit surtout des pantalons d’escalades et des vestes de grimpeurs. Elle pouvait avoir une vingtaine d’années. À peine plus jeune que moi. Elle était seule.

Épisode 1

L’été se mourait. Le torrent des visiteurs ne s’écoulait plus sur le chemin puant du cirque de Gavarnie. Quand j’y passais par obligation, pour accompagner quelques clients, mon estomac subissait les assauts des puanteurs touristiques. Les effluves de déodorants, de transpirations et de déjections animales me soulevaient le cœur. Ils enfonçaient dans mes poumons des spasmes vomitifs. Mais ce jour-là, je grimpais en solitaire vers le Pic Rouge de Pailla et les Astazou. Je n’apercevais pas encore le refuge des Espuguettes. Je remarquais seulement un couple qui marchait, plus haut, vers la Hourquette d’Allans.

17-12-22 L’inexorable ennui

L’inexorable retour des journées vides de toute surprise et de tout événement notable englue notre mémoire. Leur cours s’enlise si bien qu’on est inconscient du temps qui passe. Un jour, on s’étonne d’avoir vieilli si vite et de ne se souvenir de rien ! Pour éviter ce marasme, nous faisons en sorte que chaque jour soit émerveillé !

10-12-22    Pour la survivance

Il arrivera bien un jour où les peuples comprendront que la Terre se meurt sous le bec des rapaces.

Il arrivera bien un jour où les peuples constateront  que les grandes entreprises dévorent inexorablement la nature.

Il arrivera bien un jour où les peuples se révolteront contre les puissants du commerce et les politiques qui regardent fleurir leurs comptes bancaires et mourir les arbres du printemps.

Il arrivera alors un jour où les peuples finiront par éliminer tous ceux qui mettent en péril notre monde.

Arrivera alors un jour où l’urgence poussera les foules à des comportements barbares.

Et nous devrons alors garder le silence.

26-11-22. Bonne nouvelle

En tant que membre du jury pour le concours de nouvelles organisé par la médiathèque de Châtelaillon-Plage, j’ai eu le plaisir de lire un très beau texte qui m’a ému et a ravivé bien des souvenirs personnels.  D’une touchante simplicité et d’une évidente universalité, il s’intitule « Au fil des gens » et il a été écrit par une auteure d’Angers: Delphine Bilien. Je vous invite à prendre quelques minutes pour le lire à partir de ce lien : https://jeanmarieclaude.fr/?p=8006

Au fil des gens

Une nouvelle de Delphine Billien

Je serre sa main dans la mienne, si fragile, si menue. Je la regarde, attendrie et pleine d’amour. Je me fais l’effet de l’observer du haut de mon perchoir, ma cadette. Bientôt cinq ans. Une grande fille selon elle, un bébé encore pour moi.

Elle dévore le monde avec ses yeux, recueille chaque mouvement, chaque bruit, chaque sensation. Elle capte, décode, comprend, intègre, mémorise. Elle construit ses souvenirs. Elle s’invente des histoires. Déjà…

Elle est belle, ma création avec ses yeux en amande, ses joues roses et ses cheveux clairs. Il y a tant de vie, tant d’énergie dans chacun de ses gestes, dans chacun de ses mots. Une soif de savoir, un besoin de partager.

Elle me montre du doigt l’objet de sa convoitise. Prisonnières des ronces, les mûres recouvrent avec indolence les vieux parapets.

Les mûres… Cela me rappelle bien des choses…

J’aimerais tant voir de nouveau avec ses yeux, les yeux de l’enfance. Je tiens la main de ma petite et sens sa chaleur, je perçois ses besoins, ses questions et ses doutes. J’avais les mêmes à son âge. Et comme elle, j ‘ai entendu, écouté ce que les autres avaient appris avant moi. Ils m’ont enseigné leur savoir comme on offre un livre, une bibliothèque.

Je cherche la bonne page de mon roman et me remémore ces moments gravés dans mon esprit… J’inspire et laisse glisser mon regard sur les paysages qui nous entourent. Ils correspondent à peu de chose près à ceux de mon enfance. Des collines au loin se dessinent derrière les bois. Toutefois, les maisons cachent lentement la nature. Elles recouvrent les terres autrefois en jachère. Elles recouvrent les espaces de vie pour offrir d’autres espaces vivables.

Les souvenirs remontent, telles des bulles de champagne qui pétillent et qui explosent.

Un homme me tient la main, à moi aussi. Il me parait immense, gigantesque, inaccessible, immarcescible.

Nous marchons sur la route qui mène chez nous, de retour de l’école. Nous progressons côte à côte comme je progresse avec mon enfant.

Les herbes folles du chemin me piquent les jambes. Mais je ne m’arrête pas pour autant. La narration de ma journée occupe tout mon esprit. Je raconte sans trouver les mots, je n’ai pas tous les mots, pas encore. Je ne parviens pas à décrire par exemple cette odeur étrange et familière à la fois qui m’accueille dans la salle de classe. Je ne sais pas comment expliquer ce que je ressens lorsque je m’assois sur la petite chaise en bois derrière mon bureau, évitant de toucher de mes mollets les supports en fer glacé de mon siège. Je ne lui explique pas non plus combien les mouvements des élèves, les conversations poursuivies depuis la cour de récréation emplissent l’espace. Je lui confie d’autres moments. Rester assise… Écouter… Écrire… Ne pas se mettre d’encre sur le bout de mes doigts, sentir la colle aux amandes, faire tomber sa règle sur le carrelage et se lever prestement pour la récupérer, les joues empourprées. Venir jusqu’à l’estrade et affronter le regard de mes pairs pour énoncer à haute voix la poésie patiemment apprise la veille. Puis récolter le fruit de mon labeur et choisir la plus belle image offerte en récompense de mon éloquence…

Je conte et raconte les billes à la récréation, les tours autour du chêne centenaire qui protège de ses hautes branches les écoliers agités, les cordes à sauter et les élastiques qui m’exaspèrent. Jamais je ne jouerais, trop utile pour servir de piquet au jeu favori de ma voisine. Le bac à sable ne m’intéresse plus. Je suis une grande maintenant, je ne joue plus à ces gamineries.

Mon père me toise, amusé et nostalgique. Il s’exclame au souvenir de ses propres occupations enfantines. Il compare, se rappelle, m’explique tant bien que mal. Nous échangeons nos livres. Le sien est bien plus épais, bien plus fourni ! J’écoute sans tout saisir. Mais j’aime quand il me parle, j’aime savoir… J’aime ses histoires à lui.

Il s’arrête, se dresse sur la pointe des pieds et attrape des fruits noirs qu’il glisse dans mes mains.

Mes yeux brillent. Je souris. Il sait toujours lesquels choisir.

Je voudrais également être celle qui sait, quand je serai maman…

Je serre la main de ma fille et lui réponds en tendant le trésor sucré :

– Moi aussi, j’allais chercher des mûres quand j’étais petite. Il y avait un chemin qui bordait la maison, un chemin avec de la terre et des fourrés. Il fallait faire attention aux serpents. Il m’est arrivé une fois de croiser la route de l’un d’entre eux…

Ma fille frémit.

– Des serpents ? Et là, y en a des serpents ?

– Peut-être, il faut être prudent. Mais pour être tranquille, tu peux taper des pieds, comme ça.

Je piétine le sol d’un geste lourd.

– Les serpents sentent le sol qui tremble et ils s’en vont.

Elle s’agrippe à ma veste, tel un petit singe mû par l’instinct de survie.

– J’ai peur !

– Je suis là.

Je prends mon enfant dans mes bras. Elle met ses mains autour de mon cou, dominant l’espace qui s’ouvre devant nous.

– Toi aussi, tu avais peur des serpents ?

– Bien sûr. Et je suis toujours prudente aujourd’hui encore.

Elle me serre davantage, au risque de m’étrangler.

– Je veux pas que tu partes ! Jamais !

– Je n’en ai pas l’intention.

– Mami et Papi, y sont partis eux !

– C’est la vie. Quand on vieillit, il arrive un jour où on doit partir. Mais pas tout de suite. Et puis, tu sais, tu vas grandir, tu n’auras plus besoin de moi.

– J’aurai toujours besoin de toi. C’est toi qui m’apprends !

– Plus autant besoin qu’aujourd’hui…

Je soupire et accueille son étreinte. Sera-t-elle éternellement convaincue par ses paroles ? Il arrivera bien un temps où mes propos n’auront qu’une maigre valeur. Et puis… un jour, elle se rappellera ce que je lui aurais dit, ce que je lui aurais raconté. Du moins, je l’espère…

J’ouvre la porte. La maison est silencieuse. Ma fille s’élance avec empressement pour se rafraichir. Puis elle m’entraine vers le salon et s’impose sur mes genoux.

– Dis, tu me racontes quand tu as croisé le serpent.

– Tu veux que je te raconte cette histoire ?

– Oui !

– Tu ne vas pas avoir peur ?

– Non, promis.

Je fais glisser mon enfant sur le côté et me plonge de nouveau dans les méandres de ma mémoire.

– Nous étions avec mes grands-parents. Je devais avoir ton âge. Et on se promenait sur le chemin.

– Pour cueillir des mûres ?

– C’est ça. Pour cueillir des mûres. Lorsque soudain, j’ai baissé les yeux. Et que vois-je alors près de mon pied ? … Un serpent !

Ma fille retient un cri, ses petits doigts plaqués sur ses lèvres.

– Un vrai ?

– Oui, un vrai.

– Et qu’est-ce que t’as fait ?

– J’ai crié, j’ai tapé et tapé encore avec mes pieds. Le serpent s’est enfui dans le champ d’à côté et il s’est faufilé dans la veste d’un fermier. Le monsieur l’avait déposée par terre parce qu’il faisait chaud.

Je retiens un sourire, amusée par la mine passionnée de mon auditrice.

– Mon grand-père a appelé le monsieur : « Eh, oh ! »

Je fais de grands gestes avec mes bras, mimant la scène, ce qui la captive d’autant plus.

– Alors, le monsieur est revenu vers sa chemise et il a chassé le serpent !

– Le serpent, il l’a pas piqué ?

– Non, il ne l’a pas mordu. Il était sauvé.

Mon enfant se blottit contre mon bras.

– J’aime quand tu me racontes tes histoires, maman. Comment tu connais ces histoires-là ?

– Je les connais parce que ce sont des souvenirs. C’est ce que j’ai vécu. Quand tu me racontes ce que tu as fait à l’école, avec tes copains, tu me racontes ton histoire.

– Mais mon histoire à moi, elle est toute petite.

– Parce que tu es encore petite. Mais en vieillissant, nos récits se cumulent et s’allongent. Papi et Mami en racontaient beaucoup. Ils avaient plein de souvenirs et plein de choses qu’ils avaient apprises et qu’ils nous apprenaient à leur tour.

– Et tu peux me les raconter ?

– Pas tous, il y en a trop. J’en ai sans doute oublié. Ils ont emporté leurs histoires avec eux… Elle se lève soudain et se précipite vers son tiroir, son coffre secret qui recèle bien des trésors dont du papier et des crayons qu’elle ramène, victorieuse. Elle me tend son butin.

– Écris tes histoires, maman.

– Pourquoi veux-tu que j’écrive mes histoires ?

– Dans beaucoup de dodos, quand tu seras partie avec Papi et Mamie et que je serai maman, je leur raconterai les mêmes histoires que toi. Mais j’ai peur d’oublier. S’il te plait, maman, écris tes histoires…

08-10-22 Cri de colère

La Charente à Rochefort

Alors que je me promenais tranquillement près de Rochefort, l’ancien grand port de la marine française, en longeant la Charente boueuse, déchirée par les lames tranchantes des voiles de quelque vieux gréement poursuivant les respirations lentes de la marée, je me trouvai soudainement pris par un léger sursaut de ma sensibilité abdominale et par la circulation inopinée d’un gaz qui n’a eu de cesse que de trouver une échappatoire pour se libérer de ma carcasse et qui, la trouvant, émît un bruit grave, roulant et tellement inattendu en ce lieu envahi par la végétation paisible d’une rive sauvage qu’une poule d’eau, réveillée au milieu de sa sieste, et outrée que l’on puisse ainsi la déranger, lança un cri qui ressemblait beaucoup à un rire moqueur, voire sardonique, et me plongea dans une vague de honte aussitôt maîtrisée par une mimique d’amusement et de compassion pour la nageuse au nez rouge.

17-09-22   Étudiants humanitaires

Judith, Juliette et Paul, Trois étudiants de l’IUT Commerce de La Rochelle, nous ont rendu visite au stand de l’Association des Femmes Abeilles.  Ils se sentent concernés par notre action : donner aux femmes les plus démunies l’accès à tous les besoins fondamentaux. Durant cette année scolaire, ils vont y travailler.

03-09-22 Quelles valeurs ?

De nombreux chefs d’État dénoncent les « valeurs européennes » ou « occidentales ». Je veux bien qu’on récuse les « valeurs » fascistes, ou communistes, voire même capitalistes, qui viennent bien de chez nous. Mais est-ce qu’ils ne veulent pas récuser tout simplement les droits de l’homme, si gênants pour leur pouvoir ? Leurs valeurs ne seraient-elles pas essentiellement financières? …

20-08-22 Nouveau QR Code

Pour aller directement sur la page de vente de mes livres, voici le nouveau QR code (à retrouver sur ma plateforme jeanmarieclaude.fr )

13-08-22 POINT DE VUE

Ici, le Bassin des Chalutiers devant l’Aquarium de La Rochelle. Un endroit tellement agréable ! Nous n’avons toujours pas rencontré une seule personne qui n’aime pas cette ville. Une telle unanimité est à la fois étonnante et évidente !

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